
Trad:P.Bouquet
Dès qu’il s’agit d’un bon roman maritime, la tentation est grande d’évoquer Conrad ou Melville. Le traducteur -remarquable – de Kjellgren se contente d’évoquer la parenté de ce texte avec « Le Vaisseau des Morts » de Traven.
Kjellgren est suédois et relève de l’école des « écrivains prolétariens », ce qui ne veut pas dire que ce roman soit idéologique, loin de là, mais qu’il se situe au plus proche d’un vécu des matelots qui fut celui de l’auteur et qu’il met l’accent sur la dimension sociale de ce vécu. La première partie, qui se déroule à bord d’un vieux cargo usé bien au-delà du raisonnable -mais la loi du profit règne chez les armateurs – est remarquable dans sa description du quotidien des matelots, dans leur individualité, mais aussi dans leur fraternité.
La seconde partie, qui se passe après le naufrage du cargo à bord d’une chaloupe trop petite, m’a moins marqué, mais elle révèle les conceptions sociales et philosophiques de l’auteur, où les notions d’individualisme et de solidarité sont mises à l’épreuve des faits dramatiques.
Un texte passionnant, qui s’inscrit dans les perles de la littérature maritime.